Vos chroniques
Pour un accident, 9 999 bons fonctionnements
Une tendance semble se dessiner dans les milieux universitaires et d’expertise en sécurité industrielle : placer un accent croissant sur les évènements positifs, les succès, ou encore les bons fonctionnements… Au détriment des accidents. Michel Llory le déplore
50 ans en arrière : les bases de la sécurité industrielle d'aujourd'hui
À la fin des années 1970, Michel Llory participe à l'élaboration de ce qui constitue aujourd'hui les bases de la sécurité industrielle moderne, en travaillant sur les facteurs humains et l'ergonomie, la culture de sûreté, le retour d'expérience... Depuis, les pressions de production prennent régulièrement le pas sur les mesures de sécurité. Au risque de nous renvoyer 50 ans en arrière.
Des risques sanitaires et environnementaux aux accidents industriels
Dans cette tribune, Michel Llory s'interroge sur les résistances qui sont à l’œuvre, à la fois au niveau individuel et au niveau organisationnel et social, et qui empêchent une prise de conscience complète – ainsi que l'adoption de mesures de changement radicales – face à certains dangers, qu'il s'agisse de dangers tels que le dérèglement climatique ou concernant la sécurité industrielle. Ces résistances peuvent être passives, inconscientes, mais aussi le fait de lobbys.
À quelles conditions la compensation écologique permet-elle (vraiment) de concevoir un projet de moindre impact ?
Pour l'avocat Vianney Cuny, le mécanisme juridique de compensation environnementale – via la séquence « éviter, réduire, compenser », qui vise une absence de perte nette de biodiversité – n'est pas un « permis de détruire » octroyé aux maîtres d'ouvrage… Mais encore faut-il, pour cela, respecter certaines conditions de mise en œuvre. Voire même explorer des pistes d’améliorations juridiques.
L’aversion française pour les accidents
"Les accidents sont des phénomènes organisationnels. Ils ne peuvent être interprétés sous l’angle restreint et exclusif de l’erreur humaine, ni sous celui des causes purement techniques", rappelle Michel Llory, soulignant aussi que "l’histoire se répète d’une certaine façon", car "des schémas de dégradation de la sécurité se retrouvent à peu près systématiquement dans tous les accidents" et "ils sont souvent insidieux".
Lubrizol : quelques réflexions après l'accident…
Michel Llory réagit à l'incendie de l'usine Lubrizol, à Rouen. Pour lui, cet accident remet sur la table des questions de sécurité non résolues. Il rappelle que l’on ne peut se satisfaire des niveaux de sécurité atteints.
Avez-vous intégré les risques liés au sexisme au travail dans votre évaluation des risques professionnels ?
Six Européennes sur dix ont été un jour confrontées, au cours de leur carrière professionnelle, au sexisme ou au harcèlement sexuel au travail. Si les actions pour lutter contre les environnements de travail sexistes semblent progresser en France, elles n’intègrent pas encore les fondamentaux de la prévention : ni la dimension collective, ni le lien avec l’organisation du travail. Pour Florence Chappert, experte de ces questions à l'Anact, il est temps de considérer ces agissements – qui concernent en priorité les femmes, mais aussi les hommes – comme des risques professionnels comme les autres.
Des opérateurs privés de parole
Michel Llory est toujours particulièrement attaché à ce qui est pour lui la "question centrale" : la place, dans les analyses d'accident ou d'incident, qui est réservée aux travailleurs, aux opérateurs, à ceux qui ont directement vécu l'événement. Il nous raconte dans cette chronique la réaction d'un responsable "choqué" que l'on puisse évoquer des "opérateurs privés de parole".
Faut-il adopter la "positive attitude" en matière de sécurité ?
Les bras lui en tombent, n'hésite pas à déclarer Michel Llory lorsqu'il observe cette tendance expliquant qu'il faut privilégier le positif au négatif en matière de prévention des risques, c'est-à-dire commencer par valoriser ce qui marche bien. Pointer les bonnes pratiques n'a pourtant rien de nouveau, remarque-t-il. Mais surtout, n'y a-t-il pas le risque, dans cette quête du positif, de ne pas voir ce qui ne marche pas, les signaux faibles essentiels pour prévenir l'accident ?
Quand les pressions de production font face aux contraintes de sécurité
Les pressions pour produire "mieux, plus vite et moins cher" mettent toute l’organisation en tension et, au-delà du stress généré sur les salariés, déplacent les impératifs de travail vers la productivité... au détriment de la sécurité. Une situation qui peut conduire à de dramatiques accidents industriels, rappelle Michel Llory. "Il est nécessaire de mettre en place des moyens organisationnels pour assurer le contrôle des pressions productives et déceler d’éventuelles dérives", insiste-il.