Vos chroniques
Faut-il adopter la "positive attitude" en matière de sécurité ?
Les bras lui en tombent, n'hésite pas à déclarer Michel Llory lorsqu'il observe cette tendance expliquant qu'il faut privilégier le positif au négatif en matière de prévention des risques, c'est-à-dire commencer par valoriser ce qui marche bien. Pointer les bonnes pratiques n'a pourtant rien de nouveau, remarque-t-il. Mais surtout, n'y a-t-il pas le risque, dans cette quête du positif, de ne pas voir ce qui ne marche pas, les signaux faibles essentiels pour prévenir l'accident ?
Quand les pressions de production font face aux contraintes de sécurité
Les pressions pour produire "mieux, plus vite et moins cher" mettent toute l’organisation en tension et, au-delà du stress généré sur les salariés, déplacent les impératifs de travail vers la productivité... au détriment de la sécurité. Une situation qui peut conduire à de dramatiques accidents industriels, rappelle Michel Llory. "Il est nécessaire de mettre en place des moyens organisationnels pour assurer le contrôle des pressions productives et déceler d’éventuelles dérives", insiste-il.
Burnout : faut-il en faire une maladie ?
Quentin Durand-Moreau, professeur adjoint à la division de médecine préventive à l'université Alberta (Edmonton) au Canada analyse la portée de la décision récente de l'OMS visant à reconnaître un lien entre le burnout et le travail. Cette décision ne vaut pas toutefois reconnaissance du syndrome d'épuisement professionnel en maladie professionnelle.
Responsabilité sociale des entreprises : "le courage de l'Europe"
Loi Pacte en France, plateforme pour encadrer le reporting extra-financier en Allemagne, cadre réglementaire sur la RSE qui se développe toujours davantage au Royaume-Uni... Pour Sylvain Guyoton, vice-président de la recherche chez EcoVadis, l'Europe a tous les atouts pour diriger la transition vers un système économique responsable. "En unifiant leurs forces, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni pourraient utiliser le levier des accords commerciaux pour tirer vers un mieux disant social et environnemental l’économie de la planète", plaide-t-il.
Hervé Rabec : "Les services de santé au travail sont les alliés des entreprises"
"Ne tirez pas sur les services de santé au travail : ce sont vos alliés dans votre stratégie de qualité de vie au travail et de maîtrise de l’absentéisme", plaide Hervé Rabec, directeur du Sest, un SSTI d'Île-de-France, réagissant dans cette tribune à la réforme qui se dessine, sur la base du rapport Lecocq. "Ils méritent, certes, d’être réformés", concède-t-il. "Mais l’étatisation portée par ce projet est un contresens historique."
Puisque l'on revisite les faits historiques, faut-il faire de même avec les accidents ?
Pourquoi les leçons que l’on tire des accidents peu après leur survenue devraient-elles être figées dans le marbre, définitives ? Michel Llory s'interroge, à partir de l'ouvrage d'un historien relatant la bataille de Bouvines. Pour ce dernier, le "simple fait divers" peut être "l'indicateur d'une réalité longue" et il importe de le "traquer". On n'en finit jamais avec les accidents. On ne devrait jamais en finir.
Une solution à 80 %...
Si, dans 80 % des cas, l'erreur est humaine, cela veut-il dire que, pour trouver la solution, il faut se focaliser sur la personne responsable de cette erreur, ou sur un petit groupe de personnes ? Responsables et décideurs auraient tendance à privilégier cette piste, analyse Michel Llory.
Les risques industriels face aux trous de mémoire
Michel Llory s'interroge : les organisations gérant des risques peuvent-elles présenter des défaillances de la mémoire, au même titre que des individus ? Il est bien connu que chez ces derniers l’âge ou certaines pathologies peuvent entraîner des dysfonctionnements de la mémoire. Mais qu’en est-il des organisations ? Et en quoi ces "trous de mémoire" pourraient-ils être préjudiciables à la sécurité au travail et à la prévention des accidents industriels ?
Proliférations
Parce qu'ils se manifestent sur le long ou très long terme, qu'ils sont diffus, dispersés, conduisent à des atteintes sanitaires insidieuses, avec une gamme d'effets possibles très diverse, les risques chimiques posent de nouveaux défis aux experts en sécurité, expose Michel Llory. "Il apparaît vital et urgent d’approfondir et de populariser par des études de cas les phénomènes liés à la gouvernance des risques chimiques, au contrôle de leur prolifération", défend-il.
Ceux qui analysent les accidents sont-ils vraiment pessimistes ?
"Il ne s’agit pas de pessimisme, mais de lucidité, d’âpreté dans la recherche et l’agencement, l’articulation des dysfonctionnements", répond Michel Llory à un ingénieur lui reprochant de donner l’impression que l’accident est "partout", "provoqué par une sorte d’incurie technocratique généralisée que personne ne songerait à corriger". Chronique.